14 Juin Je voulais un tournevis, j’ai eu toute une armée et un cierge.
Enfin je termine un nouvel encadrement. Un de plus qui va partir en taxi direct chez Maman en attendant l’expo. Il ne me reste plus qu’à visser le châssis dans la caisse américaine. Allons, je ne vais pas dire 15 minutes : je mets toujours trois fois plus de temps que prévu. Je me donne trois quart d’heure. Trois quart d’heure et je pourrai souffler. Et même m’offrir, demain, le luxe de repousser mon réveil d’une heure. Tout se passe bien. En fait tout se passe toujours bien mais jamais du premier coup et jamais comme on veut.
Je mets le tableau dans le cadre. Il ne rentre pas. Oh j’en ai vu d’autres. Et puis après les problèmes qu’on a eu sur le châssis (les baguettes variaient de plusieurs millimètres par rapport aux dimensions indiquées et aucune ne mesuraient la même taille) j’aurais pu le prévoir. Mais je ne l’ai pas prévu alors c’est au cutter que je rabote les angles. Rentré ! Allez, on visse. Et ça c’était prévu alors super fière de moi je sors ma visseuse et me la joue Barbie bricoleuse, sourire victorieux. Pas pour longtemps.
Quand je vis d’un côté ça se soulève de l’autre même avec ma force de wonderwomen et un serre-joint. Je décide d’essayer avec un simple tournevis. Y en a pas. Je pourrais retourner voir les menuisiers d’en face, ils sont charmants. (Charmants = gentils + trop mignons). Hors de question !!! La semaine dernière je suis allée les voir avec le châssis en laissant sous-entendre que je ne savais pas me servir d’un marteau alors j’vais pas retourner les voir en ne sachant pas visser deux bouts de bois ! J’ai une réputation à tenir moi ! Enfin j’avais.
Du coup je pars pour l’atelier de sculpture. Eux non plus n’ont pas de tournevis. Mais je trouve mieux ! Un tournevisseur professionnel général en chef qui va régler mon problème. Qu’il est galant.
Miséricorde ! A peine eut-il vu le travail qu’il s’est emporté. Et quelle voix. Un vrai cor d’armée ! On a eu le droit à un cours sur les serre joint, un autre sur les étaux et puis surtout : « Mais pourquoi autant de vis ?! Et si grosses ?! C’est n’importe quoi ! Ça va traverser ! Et puis …… et ……mais ….. Et les trous ?! t’as fait des pré-trous ? ……… ah quand même …. » Au bout d’un moment je suis partie à la quincaillerie acheter des vis plus petites. A mon retour il était toujours là à parler des vis trop grosses… On s’y met. Comme il regarde la visseuse sans la mettre en route : « il faut appuyer sur le gros bouton … ». Peut-être aurais-je mieux fait de me taire. Puis il me dit qu’il me faut une bougie. Je le regarde septique et demande très sérieusement « pour prier ? ». Enfin il repart et tout redevient calme. Le calme avant la tempête ?
Je me remets tranquillement à visser quand : « Mais pourquoi autant de vis ?! Et si grosses ?! C’est n’importe quoi ! Ça va traverser ! Et puis …… et ……mais ….. Et les trous ?! T’as fait des pré-trous ? ……… ah quand même …. ». Ce n’est pas le même. Ce doit être son second. Ils sont là tous les deux et tout fiers, ils sortent un cierge. Sérieusement ? C’est tellement improbable que je réussisse à visser un cadre qu’on me conseille de prier ?! Ah non. C’est la technique de la bougie. Quoi ?! Je vais brûler mon cadre comme ça plus besoin de le visser ?! A la fin de leur refrain, ils me montrent et « vas-y, essaie…. Tu vois la différence ? » Et pendant 5 minutes sous tous ces yeux sévères qui trouvaient que je mettais trop de vis et pas assez de bougie, j’ai raté le trou, perdus les vis, visser mon doigt, mais vu aucune différence et surtout rien fixer du tout.
Enfin ils sont repartis et c’est dans le calme, sous la protection d’une bougie, que 180 minutes et trois quart d’heure plus tard j’ai terminé mon cadre.
Et je regarde le cierge. Mais à quoi sert-il réellement : prier ? visser ? Foutre le feu ?
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